Au repos forcé après avoir été victime d’une mauvaise chute, Jean-Paul Belmondo doit aujourd’hui affronter la douleur morale, bien plus que la douleur physique : Charles Gérard, son grand complice de toujours, est mort.
Agé de 96 ans, l’acteur que l’état civil connaissait sous le nom de Gérard Adjémian s’est éteint dans l’après-midi du jeudi 19 septembre 2019 à l’hôpital. Une disparition qui met un terme à une incroyable histoire d’amitié de quelque 66 années… Un grand chemin de vie que Bebel et Charles ont largement fait ensemble, se retrouvant d’ailleurs à maintes reprises à l’écran, le second jouant alors l’acolyte du premier (L’Incorrigible, L’Animal, Flic ou voyou…). D’abord réalisateur dans les années 1960, Charles Gérard était devenu par la suite l’un des acteurs fétiches de Claude Lelouch, qui lui offrit une vingtaine de seconds rôles à partir du premier, en 1970, dans Le Voyou et, deux ans après, L’Aventure c’est l’aventure, où il donnait la réplique à Johnny Hallyday et Lino Ventura.
Au fil des ans, le grand ami de Jean-Paul Belmondo – auquel il consacra d’ailleurs un documentaire, La Bande à Bebel – aura également été dirigé par Claude Pinoteau, Henri Verneuil, Gérard Oury, Francis Veber, Claude Zidi et même… Laurent Baffie. Sa dernière apparition au cinéma avec Bebel, aura elle été filmée par Francis Huster, qui avait offert au monstre sacré une très belle partition dans Un homme et son chien (2009). Charles Gérard avait dernièrement participé au film Les Infidèles (2012) avec Jean Dujardin et Gilles Lellouche, Turf (2013) de Fabien Onteniente et La dernière leçon (2015) de Pascale Pouzadoux.
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En avril 2018, Charles Gérard racontait en détails et en chair, avec force souvenirs, son amitié exceptionnelle avec Bebel dans un édifiant entretien accordé à Paris-Match. “J’étais un passionné de boxe inscrit à l’Avia Club. Le professeur, M. Dupain, m’a présenté Jean-Paul. Je lui ai tendu la main et il m’a mis une gauche et cassé le nez, relatait-il au sujet de leur première rencontre. Jean-Paul avait une quinzaine d’années. La gauche de Jean-Paul, c’était de la dynamite, pourtant il est droitier ! Quand il vous la balançait, vous étiez sonné. Il a obtenu cinq victoires et quatre nuls en neuf combats. Moi, j’ai fait quatre combats, j’ai été K.O. les quatre fois et on m’a retiré ma licence (…) C’est le sport qui nous a réunis, la boxe, le vélo, mais aussi le foot. A une époque, en juillet et août, invités par Grace de Monaco, nous jouions au profit de la Croix-Rouge monégasque dans toute la région méditerranéenne, à Saint-Tropez, Menton, Villefranche…”
Par la suite, Charles aura tout partagé avec Jean-Paul, y compris les coups durs, comme la mort de sa fille Patricia – “J’aimais beaucoup cette enfant, nous étions très liés. On partait en vacances ensemble à Pâques, à Noël, en été. Sa disparition a été une grande douleur. Tous les ans, on va sur la tombe de son père et sur celle de Patricia” – ou l’AVC qui l’a frappé en 2001 – “Moi qui ai connu un véritable athlète, j’étais effondré. Mais la promptitude de son rétablissement m’a estomaquée. Juste après son accident, il était incapable de parler. A force de volonté et d’acharnement, il a fini par se faire comprendre et par parler de mieux en mieux. Nous sommes même allés au Festival de Cannes où il a été récompensé“.
“Anniversaires, fêtes de fin d’année, je suis toujours là. Jean-Paul me considère comme son deuxième frère. Il m’emmène partout“, résumait Charles Gérard au terme de sa conversation avec Match, évoquant leurs déjeuners quotidiens et leurs sorties hebdomadaires au cinéma. Sans parler de leurs soirées aux réunions de boxe. Ce coup-là sera dur à encaisser pour Bebel.
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