Après avoir vu “Interstellar”, une foule de questions vient naturellement à l’esprit. Pour y répondre, nous avons rassemblé les nombreuses théories qui écument le Net. N’hésitez pas à nous communiquer les vôtres… – Attention spoilers !!!

Dernier avertissement avant de partir en exploration. Cet article, par définition, contient de très nombreux spoilers sur Interstellar, et notamment sur la fin du film. Ceci est plus qu’un conseil : n’allez pas plus loin si vous n’avez pas encore vu le film ! Ce qui suit s’adresse uniquement et exclusivement à ceux qui ont déjà tenté l’aventure, et qui se posent des questions sur son dénouement. Si vous n’en faites pas partie, veuillez passer votre chemin et ne revenir qu’après avoir vu Interstellar.

ATTENTION SPOILERS !!!

Maintenant que vous êtes prévenus, voici un résumé rapide de l’intrigue principale du film : dans un futur proche, la Terre se meurt dans une famine mondiale et la race humaine menace de vivre sa dernière génération. Cooper (Matthew McConaughey), ancien pilote et ingénieur, est devenu fermier pour subvenir aux besoins alimentaires de son fils Tom et de sa fille Murph. Tout bascule le jour où la NASA lui propose de partir en mission dans l’espace dans le but de trouver une nouvelle planète pour l’espèce humaine. Avec une équipe d’astronautes, il voyage ainsi à travers un trou noir nommé Gargantua pour visiter des planètes potentielles. A la fin du film, alors que le monde semble perdu, il se retrouve aspiré par Gargantua et parvient à rentrer en contact avec sa fille Murph, à qui il révèle la solution pour quitter la Terre. Il se réveille ensuite dans une station spatiale, où vivent les humains qui ont réussi à survivre.

LA question

Toute la question est là : que s’est-il passé dans ce trou noir ? Comment le personnage de Matthew McConaughey a-t-il pu survivre à une telle expérience ? Et surtout rentrer en contact avec sa fille qui se trouvait à des années-lumière de lui ? Plus curieux encore, l’apparence que prend le trou noir au moment où Cooper s’y trouve : celle de la bibliothèque qui se trouve à l’intérieur de la chambre de Murph.

Pour parvenir à expliquer ces phénomènes, il faut prendre en compte les nombreux indices que Christopher Nolan nous laisse tout au long du film, et bien faire attention à chaque réplique prononcée par les personnages. 3 éléments, notamment, sont particulièrement significatifs :

N°1 – le poème de Dylan Thomas récité à plusieurs reprises par le personnage de Michael Caine : “N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit…”

N°2 – la déclaration du personnage de Matt Damon à Cooper : “La dernière chose que vous verrez avant de mourir, ce sera vos enfants”

N°3 – la phrase que la femme de Cooper avait prononcée de son vivant, à la naissance de leurs enfants : “Un parent est le fantôme de l’avenir de ses enfants.”

A la lumière de ces éléments, on peut comprendre comment, en entrant dans le trou noir, Cooper ne se laisse pas (ou pas tout de suite) emporter par la mort (N°1), comment il est instantanément ramené auprès de sa fille, du moins mentalement (N°2), et comment il devient finalement le fantôme dont parlait sa fille au début du film (N°3).

Ce “fantôme” qui, en faisant tomber quelques livres de la bibliothèque et en laissant des signes dans la chambre, transmet à la petite Murph -et à lui-même avant son départ- les coordonnées de la NASA. Ce même “fantôme” qui, des années plus tard, communique à sa fille la solution pour quitter la Terre.
Voilà qui permet d’expliquer la scène du trou noir d’un point de vue symbolique. Mais ça ne nous dit toujours pas comment un tel dénouement est physiquement possible, et c’est là que les nombreuses théories développées par les fans peuvent rentrer en jeu.

Expérience de Mort Imminente

La première -qui n’est pas vraiment la plus optimiste- part du principe que Cooper est en train de vivre une NDE (Near Death Experience, ou Expérience de Mort Imminente). Le trou noir serait donc le fameux long tunnel avec la lumière blanche au bout, et les messages que Cooper envoie à sa fille seraient de nature spirituelle (certains témoignages de personnes ayant réellement vécu une NDE attestent d’une capacité à voir les gens qui les entourent même en état de mort cérébrale).

Cooper aurait donc pu, en chemin vers sa mort, envoyer un ultime message à Murph pour sauver la Terre. Son réveil dans la station spatiale pourrait alors survenir après son décès. L’environnement paisible et bucolique dans lequel il se retrouve serait donc une sorte d’au-delà. Les personnes qui entourent le lit d’hôpital de sa fille ne semblent d’ailleurs pas remarquer sa présence. A moins qu’il ne soit revenu à la vie après sa mort, ce qui ferait écho au nom de la mission Lazarus (cet homme mort et ressuscité par le Christ dans le Nouveau Testament).

Mais admettons maintenant que Cooper n’ait pas vécu de NDE, ne soit pas mort (pas même une seule seconde), ni donc ressuscité.

Qui sont-“ils” ?

Lorsqu’il se trouve dans le trou noir, il fait références aux personnes qui ont contacté l’espèce humaine au début de l’entreprise menée par la NASA, celles qui selon le personnage de Michael Caine, ont créé le trou noir, et sont même responsables du crash de Cooper au tout début du film. Ces mêmes êtres avec lesquels le robot TARS parvient à communiquer une fois dans le trou noir.

Ce “ils” ne fait bien évidemment pas référence à des extra-terrestres, mais bien à l’espèce humaine elle-même, l’humanité du futur qui a réussi à maîtriser le temps pour apporter son aide à ses aïeux à un moment crucial de son Histoire. “Ils” ont donc permis à Cooper de survivre dans le trou noir, de se mener lui-même jusqu’à la NASA et d’apporter à Murph la solution pour quitter la Terre en devenant son “fantôme”. Tout ça uniquement en agissant sur la gravité qui, comme le rappelle le personnage d’Anne Hathaway au milieu du film, est la seule chose qui peut traverser les dimensions.

Découvrez comment l’équipe d’Interstellar a donné vie aux robots TARS et CASE…

TARS et CASE : la création des robots d'Interstellar

 

Mais tout cela aurait-il pu se produire si le personnage de Matt Damon n’avait pas perdu la tête et décidé de fausser compagnie à l’équipage ? S’il n’avait pas été sélectionné pour faire partie de la mission 10 ans plus tôt ? Si Cooper et ses compagnons n’avaient pas choisi de se poser sur sa planète mais sur la troisième ?

Peut-être que oui, si on se base sur la loi de Murphy, qui a donné son nom à la fille de Cooper, et que ce dernier lui rappelle au début du film : “La loi de Murphy signifie que tout ce qui peut se produire se produira.”

Mais si on considère que la réponse est non, cela implique que selon le film, Dieu (ou le Destin) est en fait l’être humain lui-même, assurant par ses choix et ses actes, sa propre survie.

Mais ne nous arrêtons pas là, car on le sait, rien n’est jamais aussi simple chez Nolan. Cette deuxième théorie, vous l’avez compris, est le résultat d’une boucle temporelle au début de laquelle les êtres humains du futur sauvent Cooper, lui permettant de sauver les humains du présent, qui survivent et prospèrent jusqu’à maitriser le temps et sauver Cooper, etc etc…

La première fois…
La dernière question que l’on doit se poser est : qui a sauvé Cooper la première fois ? En effet, pour que la boucle se mette en place, il a bien fallu un point 0, une première version de l’évènement. Si l’on considère que Cooper a bien été sauvé cette première fois, et c’est vraisemblablement le cas, la question de Dieu ou d’une instance supérieure revient à nouveau sur le tapis.

La fin du film est d’ailleurs teintée de symboles religieux ou même bibliques :

– la station spatiale, nouvel arche de Noé de l’humanité

– les personnages de Matthew McConaughey et de Anne Hathaway avec leurs embryons, nouveaux Adam et Eve

– sans compter les courbures temporelles et la relativité du temps avec lesquels le film nous familiarise, et qui pourraient expliquer comment des personnages peuvent atteindre 150, 200 ou même 900 ans (comme dans la Bible)

Let’s Talk About Love

Enfin, n’oublions pas un élément essentiel de l’équation, auquel le film donne une importance capitale et qui en est même l’un des thèmes majeurs, pour ne pas dire LA thématique clé : la notion d’amour. Ce sentiment qui, selon le personnage d’Anne Hathaway, est quantifiable, et qui pour la première fois dans un film de science-fiction, s’ajoute aux données scientifiques pour résoudre le problème. En effet, c’est l’amour de Cooper pour sa fille, cette première loi incontournable, qui permet aux autres lois de la physique – la gravité, le temps, l’espace – d’entrer en jeu pour sauver l’humanité. En résumé, toutes les lois de l’univers obéissent à cette première loi qu’est l’amour, seule et unique chose capable de transcender l’espace et le temps, pour reprendre les propos de Brand (Anne Hathaway). Là encore, cette observation peut s’interpréter de façon très humaniste (la nature obéit aux émotions humaines) ou spirituelle (l’amour au sens mystique ou biblique).

Après avoir lu tout ceci, n’hésitez pas à revoir le film et à nous poster votre propre théorie dans les commentaires…

Et pendant que vous cherchez des théories, Michel et Michel cherchent des faux raccords sur l’un des précédents film de Nolan…

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