Depuis mars 2003, un nouveau système de surveillance du VIH/Sida a été mis en place. Les résultats confirment que la transmission hétérosexuelle constitue la première source de contamination. Découvrez le vrai visage de l’épidémie ainsi que les mesures annoncées par le Ministre de la santé pour lutter contre ce fléau.

Au 30 septembre 2003, 24 300 personnes vivaient avec le sida. Lamoitié a été diagnostiquée alors qu’ilsignoraient leur séropositivité et 22 % le savaientsans avoir bénéficier d’un traitement antiviral avantce diagnostic.Un nouveau dispositif de surveillanceSuivant les directives de l’Organisation mondiale de lasanté (OMS), l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a mis enplace un dispositif de notification obligatoire de l’infectionà VIH au mois de mars 2003.Ceci afin de renforcer un système de surveillance renducaduque par les progrès thérapeutiques. En effet, lesmultithérapies permettent aujourd’hui de retarder pendantdes mois voire des années le passage de l’infection au stadeclinique du Sida. Ainsi, le précédent systèmeinitié en 1996 basé sur la déclaration de cesseuls cas ne permettait pas de juger de l’évolution dunombre de nouvelles contaminations.Sans estimation de l’épidémie, les autoritéssanitaires se trouvaient ainsi incapable de juger del’efficacité des mesures de prévention.Protégeant l’anonymat des patients, ce programme devraitdonc permettre une meilleure surveillanceépidémiologique et un meilleur suivi de la dynamiquede l’infection à VIH. Sur la base d’informations plusprécises et plus réactives, il devient possible demieux adapter les politiques de prévention et de luttecontre la maladie.La transmission hétérosexuelle : premier mode decontaminationDe mars à septembre 2003, 1843 personnes ont ainsiété nouvellement diagnostiquées commeporteuses du VIH. Parmi elles, 1 301 notifications ontété analysées par l’InVS, qui publie lesrésultats de cette enquête dans le dernier Bulletinépidémiologique hebdomadaire (BEH)(1) rendu public le8 juin 2004.Les femmes représentent 43 % des diagnostics d’infectionà VIH. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 37ans (34 ans chez les femmes et 39 ans chez les hommes). En 2003, latransmission sexuelle est la principale voie de contamination. Lesrapports homosexuels représentent 27 % des nouveauxdiagnostics, et les rapports hétérosexuels concernentplus de la moitié des nouveaux diagnostics (53 %). Parailleurs, la contamination par usage de drogues continue sadiminution depuis 1996 et ne représente plus que 4 % desnouvelles contaminations.L’épidémie chez les hétérosexuelstouchent largement les populations d’Afrique subsaharienne enparticulier les femmes (32 %). Toutes nationalitésconfondues, les femmes représentent 60 % des nouveauxdiagnostics par les personnes contaminées par voiehétérosexuelle.La majorité des nouveaux diagnostics d’infection àVIH en 2003 concerne des personnes ne présentant pas designes cliniques de la maladie (53 %). Néanmoins, ce stadeclinique au moment du dépistage varie sensiblement selon lemode de contamination.Les contaminations continuent !Les premiers tests d’infection récente indiquent que laproportion de personnes infectées durant les 6 derniers moisvarie fortement selon l’âge, le mode de contamination et lanationalité. De nouvelles contaminations continuent de seproduire : 32 % pour les hétérosexuels et 58 % desnouveaux diagnostics chez les homosexuels sont des infectionsrécentes.Ce groupe avait déjà été le premierconcerné par la résurgence de la syphilis en 2003. Leministère de la santé et de la protection sociale etl’Institut national de prévention et d’éducation ensanté (Inpes) en partenariat avec la Ville de Paris, laDirection des Affaires Sanitaires et Sociales de Paris (DASS), lesassociations et les collectivités territoriales lancentà partir du15 juin une campagne ciblée d’alerte etd’incitation au dépistage de cette maladie.De tels chiffres confirment l’érosion des mesures deprévention liée à la nouvelle image de lamaladie depuis l’émergence des trithérapies. Ce sujetreste donc une importante préoccupation des pouvoirspublics.Des mesures annoncées par le Ministre de lasantéRéagissant à ces chiffres dans le quotidienLibération(2), le ministre de la Santé PhilippeDouste-Blazy a annoncé différentes mesures tant surle plan de la prévention que de la vie quotidienne desmalades :
– Renforcement de la prévention en direction des migrantsdans le cadre du programme “Migrants 2004-2006“ et des homosexuels;
– Développement de centre de procréationmédicalement assistée permettant aux couplessérodiscordants d’avoir un enfant. Actuellement, deuxcentres ont permis la naissance de soixante enfants dont aucunn’est infecté ;
– Augmentation des capacités d’accompagnement social avec lacréation de 75 places supplémentaires d’appartementde coordination thérapeutique portant ainsi le dispositifà 595 places ;
– Remboursement prochain d’un produit de comblement et inscriptionà la nomenclature de la technique chirurgicale de Colemanpour le traitement des lipoatrophies faciales ;
– Inscription à la nomenclature des testsgénotypiques de résistances et del’ostéodensitométrie. L’ostéoporose (atrophiedu tissu osseux favorisant l’incidence de fracturespontanée) et l’ostéonécrose (nécrosedes tissus osseux) sont des effets indésirablesassociés à l’infection à VIH, en plus destroubles du métabolisme des graisses, de la toxicitémitochondriale, des neuropathies périphériques,etc.Rappelant que combattre le sida est un enjeu mondial, le Ministre aprécisé que la France était le premiercontributeur au Fonds mondial contre le sida avec 150 millionsd’euros par an. A ce titre, notre pays soutient l’objectif detraiter 3 millions de personnes en 2005. Un objectif encore loind’être atteint mais la prochaine conférenceinternationale sur le Sida dont le thème est «L’accès pour tous » devrait permettre de faire lepoint à partir du 11 juillet à Bangkok.L’association Act-Up Paris regrette le manque de relais de cesrésultats et la forme de communication du Ministre. Dans uncommuniqué disponible sur son site(3), l’Associationprécise “Alors qu’il nous avait promis un « messagefort », il a finalement opté pour une simple tribune(au contenu souvent discutable) dans les pages “Rebonds“ deLibération. La reprise de l’épidémie est-elleun sujet d’expression libre dénué de toutesolennité pour un ministre de la santé ?“.Quelques 40 millions de personnes vivent avec le VIH ou le SIDAdans le monde, avec 5 millions de nouvelles infections au cours dela seule année 2003. L’an passé, 3 millions depersonnes sont mortes du SIDA, ce qui porte le nombre total dedécès depuis le début del’épidémie à plus de 20 millions.David Bême
1 – BEH n°24-25/2004 – 8 juin 2004
2 – Libération du 8 juin 2004
3 – Communiqué de l’association Act-Up Paris – 9 juin 2004Click Here: NRL Telstra Premiership