A l’heure où la gynécologie médicale semble en péril, les femmes soulignent leur attachement à cette spécialité. Mais avec de moins en moins de gynécologues formés, le suivi gynécologique sera-t-il demain effectué par des généralistes ? Les femmes pourront-elles toujours consulter un gynécologue sans passer par leur médecin traitant ?
La gynécologie médicale (1) prend en charge l’ensemble des problèmes gynécologiques non chirurgicaux des femmes : contraception, sexualité, traitements hormonaux éventuels, prévention et dépistage des cancers… Un sondage (2) présenté par la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM) (3) témoigne de l’attachement des femmes à cette spécialité.
70 % des femmes vont régulièrement chez le gynéco
Aujourd’hui, pour 47 % des femmes interrogées, le suivi gynécologique est assuré par un gynécologue médical, tandis que 23 % déclarent se faire suivre par un gynécologue obstétricien et 15 % seulement par un généraliste.
Les femmes suivies par un gynécologue y vont au moins une fois par an, même si les plus jeunes, les plus âgées ou encore les femmes les moins diplômées sont moins assidues.
Le suivi par un médecin généraliste repose chez les femmes interrogées sur leur “choix personnel“ (64 %), sur le fait que “les délais de rendez-vous en gynécologie médicale sont trop longs“ (46 %) et sur le “manque de gynécologues à proximité du domicile“ (21 %).
Les gynécologues appréciés pour leurs compétences
Toujours selon cette enquête, les femmes suivies par un gynécologue médical ou obstétricien le font pour “sa compétence“ (72 %) et pour “la confiance qu’elles lui accordent“ (57 %). D’ailleurs, lorsqu’elles sont interrogées sur les mérites comparés des généralistes et des gynécologues, les femmes plébiscitent ces derniers, 91 % les jugeant “plus compétents que les médecins généralistes et nécessaires à la qualité du suivi gynécologique“.
86 % considèrent également qu’une femme ne consultant pas régulièrement un gynécologue prend un risque pour la santé.
La gynécologie médicale, une profession en voie d’extinction ?
Malgré cette reconnaissance par les femmes, malgré la qualité du suivi gynécologique en France (qui se traduit par un meilleur dépistage des cancers gynécologiques que dans d’autres pays), malgré le rétablissement de son enseignement en faculté de médecine depuis 2003 (4), la profession de gynécologue médical est plus que jamais menacée.
En effet, le nombre de postes d’internes (futurs spécialistes) est insuffisant pour assurer la succession des gynécologues médicaux partant à la retraite. Cette diminution de la formation est bien entendu mal perçue par les femmes interrogées par BVA : 71 % trouvent qu’il n’y a déjà pas assez de gynécologues médicaux en France, 9 femmes sur 10 pensent que le fait de former de moins en moins de gynécologues médicaux a aujourd’hui et aura demain un impact négatif sur la santé de leurs filles.
Vers une augmentation du nombre de spécialistes ou un abandon de la spécialité ?
Etant donné le nombre de plus en plus réduit de spécialistes et l’importance des délais de consultation, il est nécessaire de réagir. Pour cela, la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale demande depuis plusieurs années une augmentation du nombre de spécialistes pouvant être formés, afin de combler les lacunes démographiques et de continuer à proposer à une majorité des femmes un suivi gynécologique spécialisé.
Cette augmentation, bien qu’approuvée par le Président de la République en 2007, n’a toujours pas eu lieu, bien au contraire (20 postes proposés en juin 2008 au lieu de la centaine nécessaire au renouvellement).
Faut-il inciter le gouvernement à reconsidérer sa position sur cette spécialité ? Ou faut-il au contraire renforcer la formation des médecins généralistes afin qu’ils puissent assurer un suivi de qualité pour la majorité des Françaises, réservant la consultation spécialisée aux cas les plus compliqués, comme pour les autres spécialités ? Ce qui est certain, c’est que les femmes doivent bénéficier d’un suivi gynécologique régulier (au moins annuel), afin de faire le point avec un médecin, généraliste ou gynécologue, sur la contraception et de minimiser les risques de survenue d’une pathologie gynécologique.
Dr Jean-Philippe Rivière
1 – Il s’agit d’une spécialité complémentaire de la gynécologie obstétrique (chirurgie et accouchement).2 – Institut BVA, enquête téléphonique réalisée en mai 2008 auprès de 1 030 femmes âgées de 15 à 75 ans3 – FNCGM, Conférence de presse du 6 novembre 20084 – La spécialité de gynécologie médicale avait été supprimée en 1986 avant d’être rétablie en 2003Click Here: los jaguares argentina
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