Les familles ne décolèrent pas, malgré les sanctions prises par les autorités locales de Ouagadougou, au Burkina Faso, pour calmer les esprits. Après le décès en garde à vue le 15 juillet dernier de onze personnes, interpellées par la police lors d’une opération de lutte anti-drogue, la directrice de la police judiciaire a été limogée. Mais le geste est insuffisant pour les parents, frères et sœurs des victimes, qui demandent à ce que la justice du pays fasse la lumière sur cette affaire.Le drame leur a été annoncé précautionneusement, alors que certaines famille ne savaient même pas que leur proche avait été interpellé. Elles n’ont pas non plus pu voir les corps des défunts, l’accès leur en ayant été interdit par les autorités locales. “Il n’y a pas eu un seul constat, personne de la famille n’a vu le corps avant que l’autopsie ne commence”, raconte ainsi Flavien Dima, frère de Narcisse Dima, une des victimes. Le ministre burkinabè en charge de la Communication a présenté le 17 juillet ses condoléances aux familles des victimes et annoncé qu’une enquête avait été ouverte par la Procureure du Burkina Faso. Des médecins légistes ont de leur côté été engagés dans le cadre de l’enquête, afin d’effectuer les examens et autopsies nécessaires.Trafic de drogueLe Burkina Faso est l’une des plaques tournantes du trafic de drogue vers l’Europe. En provenance des ports d’Afrique de l’Ouest, elle prend ensuite la direction du Nord vers le désert malien et libyen.En juin dernier, les autorités ont procédé à l’incinération de 35 300 tonnes de drogue, représentant le quart des saisies de l’année 2018, selon le secrétariat permanent du comité national de lutte contre la drogue.Plusieurs hypothèses avancéesPour Urbain Yameogo, directeur exécutif du centre de formation en matière de droits humains à Ouagadougou, la surpopulation carcérale peut être à l’origine de la mort des interpellés, par suffocation. L’homme pointe du doigt les conditions carcérales déplorables dans lesquelles ont été détenues les victimes : “Une trentaine de personnes aurait été incarcérée dans une cellule prévue pour douze personnes“, a-t-il annoncé au micro de France24. C’est “un drame suffisamment grave qui doit nous interpeller et interpeller les autorités publiques au plus haut niveau (…). Il faut que justice puisse se faire”, a conclu Urbain Yameogo. La violence des forces de sécurité du pays a également été mentionnée comme ayant pu mener aux décès. Mais aucune preuve dans ce sens n’a aujourd’hui été apportée.Le gouvernement burkinabè mène depuis plusieurs années une lutte anti-terroriste sur son territoire et a été accusé à plusieurs reprises de mener dans ce cadre une répression abusive, notamment à travers des exécutions sommaires de suspects.
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