La vaccination HPV contre le cancer du col de l’utérus est recommandée pour les jeunes filles de 14 ans et, en rattrapage, pour celles de 15 à 23 ans n’ayant pas eu de rapports sexuels ou en ayant depuis moins d’un an. Mais à quel moment faut-il évoquer ce vaccin ? Comment aborder cette question avec les ados ? Qui doit leur en parler ? Eléments de réponse avec le Pr. Serge Gilberg de la faculté de médecine Paris Descartes.

Le rapport des adolescentes à leur corps – marqué par une connaissance floue – et à leur santé détermine la façon de parler de ce vaccin. Plusieurs interlocuteurs ont un rôle à jouer mais les médecins généralistes semblent les mieux placés pour aborder ce sujet avec les jeunes femmes.
Les adolescentes et leur santé
“Le corps est évidemment très présent à l’adolescence, les préoccupations prédominantes se situant autour de l’image de soi (poids, acné, apparence) et des changements pubertaires avec tout ce que cela suppose mais la notion de santé reste secondaire pour la plupart des jeunes filles parce qu’elle va de soi et c’est surtout l’hygiène qui attire leur attention“ souligne le Dr Caroline Thompson, psychologue et thérapeute familiale, à la Pitié Salpêtrière.
La notion de maladies est mise à distance par des mécanismes de déni chez les jeunes. “L’adolescence est un âge où l’on vit dans le présent, surtout par rapport à son corps“ explique le Dr Thompson. En outre, les jeunes filles ont très souvent des connaissances lacunaires sur leur corps et son fonctionnement. Elles ont notamment une définition scolaire des mots utérus et vagin. Le premier est cependant associé à la maternité et le second à la sexualité. Fort de ces remarques, comment doit-on aborder avec elles la question de la vaccination contre le cancer du col de l’utérus ?
Comment et quand évoquer la vaccination HPV ?
Il s’agit de rendre des jeunes filles sensibles à un risque lié aux rapports sexuels, ce qui n’est pas forcément évident. “Plus le vocabulaire est précis, médical, moins il est dérangeant“ explique Le Dr Thompson. Certains vont préférer évoquer la protection de l’utérus, lié à la maternité. D’autres, comme le Dr Gilberg, estiment qu’évoquer l’utérus et l’enfantement n’est pas forcément très judicieux à l’âge de 14 ans et préfèrent évoquer le vaccin HPV comme prévention d’une infection sexuellement transmissible (IST) : “J’observe un basculement à l’âge de 14 ans, elles veulent bien parler de la sexualité à condition que ce soit le médecin qui aborde la question“ explique celui-ci. Qui doit en parler ? “Tous les interlocuteurs des jeunes filles, c’est-à-dire les parents, les infirmières scolaires, le planning familial, les professionnels de santé… peuvent les informer sur la vaccination HPV“ estime le Pr. Gilberg.
Les parents et en particulier les mères peuvent aborder la question de la vaccination avec leurs filles. “Nous essayons de convaincre les mères de faire vacciner leur fille car, nous, les gynécologues, voyons peu les adolescentes de 14 ans“ explique le Dr Jean-Luc Mergui. “Les mères peuvent en parler si elles veulent que leurs filles soient vaccinées mais elles ne sont peut-être pas les mieux placées“ estime le Pr. Gilberg. Pour lui, “les parents peuvent être là pour amorcer la discussion et les adresser ensuite à un professionnel“. “Les médias aussi sont un moyen de faire connaître aux adolescentes ce vaccin“ estime Serge Gilberg.
Autre source d’information à ne pas négliger : le bouche-à-oreille entre amies. “De plus en plus, les jeunes filles me disent : ma copine s’est fait vacciner, une amie m’a parlé de ce vaccin“ explique Serge Gilberg. A quel âge faut-il parler de cette vaccination ? “Les mères peuvent jouer un rôle dans une sensibilisation en amont“ note le Dr Thompson. “Ce que je fais maintenant, c’est que j’évoque la vaccination HPV quand j’effectue le rappel DTCP entre 11 et 13 ans. Je donne une échéance : “A partir de 14 ans, il y a un nouveau vaccin“ explique le Pr. Gilberg.
Le médecin généraliste, interlocuteur privilégié
“Le médecin généraliste apparaît comme le meilleur interlocuteur pour les jeunes filles de 14 ans car celles-ci ont des contacts réguliers avec lui“ constate le Pr. Serge Gilberg. Celui-ci s’occupe en effet du suivi vaccinal et va pouvoir proposer le nouveau vaccin contre le cancer du col de l’utérus. La technique ? L’entretien motivationnel : “Je demande aux jeunes filles si elles savent ce que c’est, je les laisse m’en parler et, après, je complète“ explique le Pr. Gilberg.
“Le vaccin est un formidable médiateur pour aborder la question du préservatif, de la contraception ainsi que celle de l’hépatite B“ annonce le Pr. Gilberg. Qui ajoute : “Cette consultation peut aussi être l’occasion de repérer et de prévenir les autres comportements à risque : les addictions à l’alcool, au tabac, au cannabis, les troubles alimentaires, l’ensemble des maladies sexuellement transmissibles évitables“.
Parce qu’il permet d’aborder d’autres sujets liés à la sexualité, le vaccin HPV, en plus de protéger du cancer du col de l’utérus, a aussi un rôle dans la prévention globale de la santé des adolescentes. Il importe donc d’informer au mieux sur cette vaccination.
Anne-Sophie Glover-BondeauClick Here: cheap sydney roosters jersey